Noël Extrait du livre" les 2 babylones" de Alexander Hislop

Si Rome est en effet la Babylone de l'Apocalypse; si la Madone adorée dans ses sanctuaires n'est autre que la reine du ciel dont les adorateurs provoquaient la terrible colère de Dieu aux jours de Jérémie, il est de la dernière importance de bien établir le fait de manière à ce qu'il n'y ait plus aucun doute possible; car si on peut le démontrer, tout homme qui tremble à la parole de Dieu doit frissonner à la pensée de donner à un pareil système, soit comme individu, soit comme nation, la moindre protection ou le moindre soutien. Nous en avons déjà dit suffisamment pour montrer l'identité des systèmes Romain et Babylonien; mais à chaque pas l'évidence devient plus écrasante. C'est ce que prouvera particulièrement la comparaison des différentes fêtes. Les fêtes romaines sont innombrables; mais il en est cinq parmi les plus importantes que nous pouvons mettre à part, ce sont: Noël, l'Annonciation, Pâques, la Nativité de Saint-Jean, et l'Assomption. Chacune de ces fêtes, on peut le prouver, est une fête Babylonienne.

Noël en décembre

Prenons d'abord la fête en l'honneur de la naissance du Christ ou Noël. Comment se fait-il que cette fête ait été établie le 25 décembre? Il n'y a pas dans l'Écriture, un seul mot sur le jour précis de sa naissance, ou sur l'époque de l'année où il naquit. Ce qui y est rapporté montre que quelle que soit l'époque de sa naissance, ce ne peut avoir été le 25 décembre. Lorsque l'ange annonça la naissance aux bergers de Bethléem, ils paissaient leurs troupeaux pendant la nuit au milieu des champs. Sans doute, le climat de la Palestine n'est pas si rigoureux que le nôtre, mais bien que la chaleur du jour soit considérable, le froid de la nuit, de décembre à février, est très vif1, et les bergers n'avaient pas l'habitude de garder les troupeaux dans les champs après la fin d'octobre2. Il est donc absolument incroyable que Christ soit né à la fin de décembre. Les commentateurs sont unanimes sur cette question. Sans parler de Barnes, Doddridge, Lightfoot, Joseph Scaliger, et Jennings, dans ses "Antiquités Juives", qui sont tous d'avis que le 25 décembre ne peut pas être l'époque de la naissance du Seigneur, le célèbre Joseph Mède énonce une opinion décisive dans le même sens. Après avoir longuement et minutieusement examiné le sujet, il donne entre autres l'argument suivant: lors de la naissance de Christ, chaque femme, chaque enfant dut aller se faire enregistrer à la ville à laquelle ils appartenaient, et plusieurs avaient à faire de longues marches; mais le milieu de l'hiver n'était pas propre à une pareille besogne, surtout pour les femmes et les enfants. Christ ne peut donc pas être né au milieu de l'hiver. De plus, à l'époque de sa naissance, les bergers veillaient avec leurs troupeaux pendant la nuit, et cela ne pouvait se faire au milieu de l'hiver. Et si quelqu'un pense que l'hiver n'est pas rigoureux dans ce pays, qu'il se rappelle les paroles de Christ dans l'Évangile: "Priez que votre fuite n'arrive pas en hiver." (Matthieu XXIV, 20). Or, si l'hiver était une mauvaise saison pour fuir, ce n'était assurément pas une saison où les bergers pouvaient demeurer dans les champs, où les femmes et les enfants pouvaient voyager3.

72 3 MÈDE, Oeuvres, Discours, XLVIII, 1672. L'argument de Mède repose sur l'hypothèse du bon sens et de la sagesse qui, on le sait, caractérisaient les lois romaines. 4 Archidiacre WORD, dans l'Annotateur chrétien, vol. III, p. 2. LORIMER, Manuel du Presbytère, p. 180. Lorimer cite Sir Peter King, qui dans ses Recherches sur le culte de la primitive église, etc. conclut que cette fête n'était pas observée dans l'Église, et ajoute: "Il paraît invraisemblable qu'on ait célébré la naissance de Christ quand on n'était pas d'accord sur le mois et le jour de sa naissance." Voyez aussi Révérend J. RYLE, dans son Commentaire sur Luc XI, note du v. 8; il admet que l'époque de la naissance du Christ est incertaine, tout en contestant que les troupeaux aient pu être en plein champ pendant le mois de décembre, il s'appuie sur la plainte de Jacob à Laban: "Le jour la chaleur me dévorait, et la nuit le froid me glaçait ." (Genèse XXXI, 40). Or, toute la force de la plainte de Jacob contre son cruel parent repose sur ceci: Laban lui faisait faire ce qu'aucun autre homme n'aurait fait, et dès lors, s'il parle des froides nuits de l'hiver, (ce qui toutefois, n'est pas l'explication ordinaire de cette expression) cela prouve exactement l'opposé de ce que voudrait prouver M. Ryle: les bergers n'avaient pas l'habitude de laisser leurs troupeaux dehors pendant les nuits d'hiver. 5 GIESELER, vol. I, p. 54 et notes. CHRYSOSTOME, (Monitum in hom. de Natal. Christi) écrivant à Antioche vers l'an 880 après J.-C. dit: "Il y a à peine dix ans que nous connaissons ce jour", vol. II, p. 352. – "Ce qui suit, ajoute Gieseler, confirme d'une manière éclatante la facilité avec laquelle des coutumes de date récente ont pu revêtir le caractère d'institutions apostoliques." Voici comment continue Chrysostome: "Parmi les peuples de l'Ouest il était connu auparavant depuis des temps primitifs et fort reculés, et les peuples qui habitent depuis la Thrace jusqu'à Gadeira (Cadix) le connaissaient avant nous, c'est-à-dire, que le jour de naissance de notre Seigneur, inconnu à Antioche dans l'est sur les frontières même de la Terre Sainte où il était né, était parfaitement bien connu dans toute l'Europe occidentale, depuis la Thrace jusq u'en Espagne!" 8 WILKINSON, Les Égyptiens, vol. IV, p. 405. PLUTARQUE (Isis, vol. XI, p. 877, 13. B) dit: "Les prêtres Égyptiens affirmaient que la naissance du divin fils d'Isis à la fin de décembre était prématurée. Mais ceci est la contrepartie exacte de l'histoire classique de Bacchus: lorsque sa mère Sémélé était consumée par le feu de Jupiter, ce dieu fut arraché, à l'état embryonnaire, aux flammes qui la

Les écrivains les plus instruits et les plus sincères de tous les partis4 reconnaissent que l'on ne peut pas déterminer le jour de naissance de notre Seigneur5, que dans l'église chrétienne on n'entendit jamais parler d'une fête pareille avant le IIIe siècle, et qu'elle ne fut guère observée que bien avant dans le IVe siècle. Comment donc l'Église Romaine a-t-elle fixé au 25 décembre la fête de Noël? En voici la raison: longtemps avant le IVe siècle, et même bien avant l'ère chrétienne, les païens célébraient une fête à cette même époque de Tannée, en l'honneur de la naissance du fils de la reine Babylonienne; or on peut présumer que pour se concilier les païens, et augmenter le nombre de ceux qui adhéraient de nom au christianisme, la même fête fut adoptée par l'Église Romaine qui se contenta de lui donner le nom de Christ. Cette tendance de la part des chrétiens à faire des concessions au paganisme se développa de bonne heure; et nous voyons Tertullien lui même, vers l'an 230, déplorer amèrement la faiblesse des chrétiens à cet égard, et l'opposer à la stricte fidélité des païens à leur propre superstition: "C'est nous, dit-il, nous qui sommes étrangers aux sabbats6, aux nouvelles lunes, et aux fêtes, nous qui étions autrefois agréables à Dieu, c'est nous qui fréquentons maintenant les Saturnales, les fêtes du solstice d'hiver, les Matronales; on porte ça et là des présents, les cadeaux du nouvel an se font avec fracas, les jeux, les banquets se célèbrent avec des cris; oh! comme les païens sont plus fidèles à leur 140 religion; comme ils prennent soin de n'adopter aucune solennité chrétienne7!" Des hommes vertueux s'efforcèrent d'arrêter le flot, mais en dépit de tous leurs efforts, l'apostasie se développa, jusqu'à ce que l'Église, à l'exception d'un petit reste, fut engloutie sous la superstition païenne. Il est hors de doute que Noël était à l'origine une fête païenne. Ce qui le prouve, c'est l'époque de l'année où on la célèbre et les cérémonies qui l'accompagnent. En Égypte, le fils d'Isis, titre égyptien de la reine des cieux, naquit à cette même époque, au moment du solstice d'hiver8. Le nom même sous lequel Noël est populairement connu en Angleterre, le jour d'Yule9, prouve tout de suite son origine païenne. Yule est le nom chaldéen pour "enfant, ou petit enfant10"; et comme le 25 décembre était appelé par les anciens païens saxons le jour "d'Yule" ou "le jour de l'Enfant" et la nuit qui le précédait "la nuit de la Mère11", et cela longtemps avant qu'ils ne fussent en contact avec le christianisme, cela prouve suffisamment son véritable caractère. Ce jour de naissance était observé bien loin dans les contrées païennes.

10 De Eol, enfant. La prononciation est ici la même que celle de eon dans Gédéon. En Écosse, du moins dans les Pays-Bas, les gâteaux d'Yule sont aussi appelés gâteaux de Nür (le u se prononce comme en français). En Chaldéen, Noûr signifie naissance. Donc les gâteaux de Nûr sont des gâteaux de naissance. Les déesses Scandinaves, appelées "Noms", qui prédisaient aux enfants leur destinée au moment de leur naissance, tiraient leur origine du nom analogue Nor, un enfant. . 14 SHARON TURNER, vol. I, p. 213. Turner cite un poème arabe qui montre qu'en Arabie comme chez les Anglo-Saxons on reconnaissait un soleil femelle et une lune du sexe masculin. 15 Dans la version autorisée, Gad devient "cette troupe" et Meni, "ce nombre" mais les commentateurs indiquent là une erreur: ces deux mots sont des noms propres. 16 Voir KITTO, vol. IV, p. 66. Le nom de Gad se rapporte au dieu de la guerre, car il signifie attaquer mais aussi celui qui assemble, et sous ces deux idées on peut l'appliquer à Nemrod, qui était un dieu soleil en tant que premier guerrier célèbre et pour avoir, sous le nom de Phoronée, réuni les hommes en communautés sociales (p. 81). Le nom de Meni, celui qui compte, semble un synonyme de Cush ou Chus, couvrir ou cacher, mais aussi compter ou démontrer. Le vrai sens du nom de Cush est donc "celui qui compte ou le calculateur" car tandis que Nemrod son fils était le propagateur du système idolâtre de Babylone, il était réellement en qualité de Mercure, le créateur de ce système, car il apprit aux hommes à s'approch er de la Divinité par des prières et des sacrifices (WILKINSON, vol. V, p. 10) et comme l'idolâtrie et l'astronomie sont étroitement unies, il devait être habile dans la science des nombres. Or, Mercure (Cush), est le premier qui découvrit les nombres, la géométrie, l'astronomie, les jeux de hasard, d'échecs (ibid. p. 3) et il était, d'après une allusion au sens du nom de Cush, probablement appelé "Nombre, le père des dieu x et des hommes" (ibid. vol. IV, p. 196). En Chaldéen le i prend souvent la forme du e final, ainsi Meni correspond à Mené, celui qui compte, en hébreu. Nous pensons avec Gesenius que Nebo, le dieu prophétique de Babylone, était le même dieu que Hermès (p. 43). Cela montre l'emphase de la sentence divine annonçant à Belshazzar son destin: "Mené, Mené, Tekel 74 Upharsin (Daniel V, 25), ce qui revient à dire: Celui qu i compte est compté." La coupe était l'emblème de Cush (p. 77), d'où l'usage de lui verser la boisson sacrée. Or, Mercure, le calculateur en Égypte, identifié à la lune qui sert à compter les mois, était appelé seigneur de la lune (BUNSEN, vol. V, p. 394) et comme distributeur du temps (WILKINSON, vol. V, p. 11 ), il tenai t une branche de palmier, emblème d'une année (ibid. p. 2). Ainsi, Gad était le dieu du soleil et Meni, le dieu Lune. 17 MALLET, vol. II, p. 24. Edimbourg, 1809.

On a généralement cru que cette fête avait seulement un caractère astronomique, et qu'elle rappelait simplement la fin de la course annuelle du soleil et le commencement d'un nouveau cycle12. Mais il est hors de doute que la fête en question avait une bien plus haute portée; elle rappelait non seulement le symbole de la naissance du soleil au renouvellement de sa carrière, mais le jour de naissance du grand libérateur. Les Sabéens d'Arabie, qui regardaient la lune et non le soleil comme le symbole visible de l'objet favori de leur culte, observaient la même époque comme la fête de la naissance. Nous lisons dans la "Philosophie Sabéenne" de Stanley: "Le 24e jour du 10e mois, c'est-à-dire décembre, selon notre manière de compter, les Arabes célébraient le jour de la naissance du Seigneur, c'est-à-dire, la Lune13." Le Seigneur Lune était le grand objet de culte des Arabes, et ce Seigneur Lune était né, disaient-ils, le 24 décembre, ce qui montre clairement que la naissance qu'ils célébraient n'avait aucun rapport nécessaire avec le cours du soleil. Il importe de remarquer aussi que si le jour de Noël chez les anciens Saxons d'Angleterre était observé pour la célébration de la naissance d'un Seigneur de l'armée des cieux, le cas doit avoir été précisément le même ici qu'en Arabie. Les Saxons, on le sait, regardaient le soleil comme une divinité femelle, et la Lune comme une divinité mâle14. C'est donc sans doute le jour de naissance du Seigneur Lune, et non celui du soleil qu'ils célébraient le 25 décembre, comme les Arabes observaient le 24 décembre parce que c'était le jour de naissance de ce même Seigneur Lune. En Orient, il paraît que le nom de ce Dieu Lune était "Meni"; c'est là en effet croyons-nous l'interprétation la plus naturelle de la déclaration divine faite dans Ésaïe: "Mais vous avez abandonné ma sainte montagne, vous qui préparez une table pour Gad, et vous remplissez une coupe pour Meni15." (Ésaïe LXV, 11). On a des raisons de croire que Gad se rapporte à la divinité du Soleil, et Meni à la divinité de la Lune16. 18 Supplément à IDA PFEIFFER, L'Islande, p. 322-323. 19 JAMIESON, Dictionnaire écossais, sub voce. Parmi les nombreuses hypothèses de Jamieson pour expliquer ce mot le passage suivant me paraît bon à citer: "Hogmanay est le nom donné par le vulgaire au dernier jour de l'année. Sibb pense que le mot peut avoir des rapports avec le Scandinave Hoeg-tid, mot appliqué à Noël et à d'autres fêtes de l'Église. Comme le mot Scandinave tid veut dire temps et que hoegtid s'applique aux fêtes de l'Église en général, le sens de cette expression est évidemment « le temps de la fête » mais cela montre que hoeg a précisément le sens que j'ai donné à Hog, c'est-à-dire le sens chaldéen." 20 JÉRÔME, vol. II, p. 217 21 PLUT., De Iside, vol. II, sect. 52, p. 372. D. MACROBE, Saturn. liv. I, ch. 21, p. 71. 22 MACROBE, Saturn. liv. I, ch. 23, p. 72. E. 23 Voir les Recherches sanscrites, du colonel KENNEDY, p. 438 Meni, ou Manai, signifie celui qui compte, et ce sont les changements de la lune qui aident à compter les mois: "Il a fait la lune pour marquer les temps, et le soleil sait quand il doit se coucher." (Psaumes CIV, 19). Le nom d'homme de la lune ou du dieu qui présidait à ce luminaire chez les Saxons était Mané, comme on le voit dans l'Edda17, et Mani, dans le Voluspa18. Ce qui prouve bien que c'était la naissance de ce Dieu Lune que célébraient à Noël les anciens Saxons, c'est le nom donné encore dans les pays bas d'Écosse à la fête du dernier jour de l'année, et qui parait être un reste de l'ancienne fête de la naissance; en effet, les gâteaux qu'on fait à cette occasion s'appellent gâteaux de Nûr, ou de naissance. Ce nom, c'est Hog-manay19. Or, Hogmanay en Chaldéen veut dire "la fête de celui qui compte" – en d'autres termes, la fête de deus Lunus ou de l'homme de la Lune.

Les festins de Noël

Pour montrer le rapport qu'il y a entre une contrée et une autre, et la persistance invétérée des anciennes coutumes, il est bon de remarquer que Jérôme, commentant les paroles d'Ésaïe que nous venons de citer, sur l'usage de dresser une table pour Gad et d'offrir des libations à Meni, déclare que de son temps (au IVe siècle), c'était encore la coutume dans toutes les villes et surtout en Égypte et à Alexandrie, de préparer des tables et de les charger de toutes sortes de mets recherchés et des coupes contenant du vin nouveau, le dernier jour du mois et de l'année: la foule en tirait des présages sur la fertilité de l'année20. L'année égyptienne commençait à une époque différente de la nôtre; mais c'est aussi exactement que possible (en remplaçant seulement le vin par le whisky) la manière dont on observe encore Hogmanay en Écosse, le dernier jour du mois de l'année. Je ne sais pas si on tire aucun présage de ce qui se fait alors, mais tout le monde, dans le sud de l'Écosse, sait parfaitement qu'à Hogmanay, ou la veille du nouvel an, parmi ceux qui observent encore les vieilles coutumes, on prépare une table, et que pendant qu'on offre des gâteaux et autres friandises, on distribue des galettes de gruau et de fromage à ceux qui n'en voient jamais qu'à cette occasion, et que la boisson forte entre pour une large part dans le menu du jour. Là même où le soleil était l'objet favori du culte, comme à Babylone et ailleurs, il était adoré à cette fête, non seulement comme le globe du jour, mais comme le dieu incarné21. – C'était un principe essentiel du système Babylonien, que le soleil ou Baal était le seul Dieu22. Lors donc qu'on adorait Tammuz comme étant le Dieu incarné, cela voulait dire aussi qu'il était une incarnation du soleil. Dans la mythologie Hindoue, qui, on le sait, est essentiellement Babylonienne, ce fait ressort distinctement. Surya, ou le soleil, y est représenté comme étant incarné, et venant dans le monde pour soumettre les ennemis des dieux qui, sans cette naissance, n'auraient jamais été soumis23. 75 . Le Col. Kennedy, un des savants les plus érudits en sanscrit, fait venir les Brahmanes de Babylone (ibid. p. 157). Il faut remarquer que le nom même de Surya donné au soleil par tous les hindous, se rapporte à cette origine. Bien que le mot ait eu d'abord un sens différent, il était évidemment identifié par les prêtres avec le Chaldéen Zéro et confirmait l'idée de la naissance du Soleil-dieu. Le nom en Prâcrit se rapproche encore davantage du nom scripturaire de la semence promise; c'est Suro. On a vu dans un chapitre précédent (p. 118) qu'en Égypte aussi le soleil était représenté comme né d'une déesse. 24 Le nombre des jours des Saturnales fut plus tard élevé à sept. Voir JUSTE LIPSE, Oeuvres, tome II, Saturnal, liv. I, ch. 4. 25 Si Saturne, ou Chronos, était comme nous avons vu qu'il y a des raisons de le croire, "Phoronée l'émancipateur" (p. 82), l'émancipation temporaire des esclaves à sa fête était exactement en accord avec son caractère supposé. 26 ADAM, Antiquités romaines, Religion, Saturne. Voir STAGE, Sylv. liv. I, ch. VI, v. 4, p. 65-66. Voici les paroles de Stace: Saturus mihi compede ezelutâ Et multo gravidus mero December Et ridens jocus, et sales protervi Adsint. 27 Dans ATHENEUS, XIV, p. 639, C. 28 De Tzohkh, se divertir et badiner, et anesh, homme, ou peut-être ânes, terminaison signifiant celui qui fait, de asi, agir sur. Pour les initiés, il avait un autre sens. 29 CRABB, Mythologie, Saturne, p. 12. 30 Correspondance du London Times, décembre 1853. 31 OVIDE, Métamorphoses, liv. X, v. 500-513.

Ce n'était donc pas une fête astronomique que les païens célébraient au solstice d'hiver. Cette fête s'appelait à Rome la fête de Saturne et la manière dont on la célébrait montre bien son origine. Organisée par Caligula, elle durait cinq jours24. L'ivrognerie et la débauche se donnaient libre carrière, les esclaves étaient provisoirement émancipés25 et avaient avec leurs maîtres toutes sortes de libertés26. – C'était précisément de cette manière qu'on célébrait à Babylone, suivant Berose, la fête du mois Thebeth, correspondant à notre mois de décembre, ou en d'autres termes, la fête de Bacchus: C'était l'usage, dit-il, pendant les cinq jours qu'elle durait, que les maîtres fussent soumis à leurs serviteurs, et que l'un d'eux, vêtu comme un roi d'une robe de pourpre, gouvernât la maison27. On appelait ce domestique ainsi vêtu, Zoganes28, l'homme du plaisir et de la dissipation; il correspondait exactement au "dieu du tumulte" qui dans les époques de ténèbres, fut choisi dans tous les pays catholiques pour présider aux fêtes de Noël. La coupe des festins de Noël a son contrepied dans "le festin de l'ivresse" à Babylone, et plusieurs autres coutumes encore observées à Noël ont la même origine.

Les bougies à Noël Les bougies qu'on allume la veille de Noël dans quelques parties de l'Angleterre et qu'on garde pendant toute la durée des fêtes, étaient aussi allumées par les païens la veille de la fête de la naissance du dieu Babylonien et en son honneur; car c'était l'une des particularités de son culte d'avoir des bougies allumées sur ses autels29.

L'arbre de Noël L'arbre de Noël, si connu aujourd'hui parmi nous, était aussi connu dans la Rome et dans l'Égypte païennes. En Égypte c'était le palmier, à Rome le sapin30; le palmier dénotait le Messie païen, Baal-Tkmar, le sapin se rapportait à lui sous son caractère de Baal-Berith. La mère d'Adonis, le dieu soleil, la divinité médiatrice avait été, disait-on, changée en arbre, et dans cet état elle avait enfanté son fils31. Si la mère était un arbre, le fils doit avoir été reconnu comme l'homme-branche. Et c'est ce qui explique pourquoi on mettait au feu la bûche de Yule la veille de Noël, et pourquoi le lendemain on trouvait l'arbre de Noël. En qualité de Zero-ashta, la semence de la femme, qui signifie aussi Ignigena, ou né du feu, il doit entrer dans le feu pendant la nuit de la Mère, afin de pouvoir naître le lendemain, comme branche de Dieu, ou l'arbre qui donne aux hommes tous les dons célestes. Mais pourquoi, demandera-t-on, entre-t-il dans le feu sous le symbole d'une bûche? 76 32 Voir p. 107. 33 Ail ou II, synonyme de Gheber, le puissant (Exode XV, 15) signifie aussi un arbre qui s'étend au loin, ou un cerf aux cornes en rameaux (voir PARKHURST, sub voce). Aussi, à diverses époques, le grand dieu est-il symbolisé par un arbre élevé, ou par un cerf. Dans la figure 27, la décapitation du puissant est symbolisée par la décapitation d'un arbre. Sur une pièce de monnaie d'Éphèse (SMITH, p. 289), il est symbolisé par un cerf coupé en morceaux, et il y a un palmier rep résenté comme poussant à côté du cerf, absolument comme ci-contre il pousse à côté du tronc mort. Dans Sanchoniathon, Chronos est expressément appelé Ilos, c'est-à-dire le puissant. Le grand dieu étant décapité, la coupe d'abondance à gauche de l'arbre est vide, mais le palmier répare tout. 34 Le lecteur se rappellera qu'Esculape est représenté d'ordinaire avec un bâton ou une branche d'arbre à ses côtés, et un serpent enroulé autour de la branche. La figure dans le texte explique évidemment l'origine de cette figure. Pour son caractère de restaurateur de la vie, voyez PAUSANIAS, liv. II, Corinthiaca, ch. 26. VIRGILE, Enéide, liv. VII, v. 769-773. 35 Baal-bereth, qui diffère seulement par une lettre de Baal-berith, le Seigneur de l'alliance, veut dire le Seigneur du sapin. 36 GIESELER, p. 42, note. 37 Dans l'histoire Scandinave de Balder (p. 90), le gui est un élément distinct du dieu dont on déplore la perte. Les myth es druidiques et les mythes Scandinaves différent quelq uefois mais cependant, même dans l'histoire Scandinave, il est toutefois évident qu'on attribuait à la branche de gui un pouvoir surnaturel: car elle pouvait faire ce que rien d'autre au monde ne pouvait accomplir; elle avait détruit la divinité sur laquelle reposait, d'après les Anglo-Saxons, leur empire du ciel. Or, pour expliquer cette contradiction apparente, il ne faut que comprendre que cette branche qui avait un tel pouvoir, était une expression symboliqu e du vrai Messie. Le Bacchus des Grecs en vint évidemment à être reconnu comme la semence du serpent; car, dit-on, il fut le fruit de relations de sa mère avec Jupiter, quand ce dieu lui apparut sous la forme d'un serpent. (Voir aussi DYMOCK, Dictionnaire classique, sub voce Deois). – Si le caractère de Balder était le même, voici ce que l'histoire de sa mort signifierait exactement: que la semence du serpent avait été détruite par la semence de la femme. Cette histoire doit certainement être née parmi ses ennemis. Mais les idolâtres firent en sorte d'en prendre ce qu'ils ne pouvaient pas entièrement nier, avec comme intention évidente, celle de l'expliquer. Fig.27––D'aprèsMAURICE, Antiquités Hindoues, vol. VI, p. 368-1796.

Pour le comprendre, il faut se rappeler que le divin enfant né au solstice d'hiver était comme une nouvelle incarnation du grand dieu (après que ce dieu eut été mis en pièces) afin de venger sa mort sur ses meurtriers32. Or, le grand dieu, brisé au milieu de son pouvoir et de sa gloire, était représente sous la forme d'un gros arbre, dépouillé de ses branches, et coupé presque à hauteur de terre33. Mais le grand serpent, symbole d'Esculape qui rend la vie34, s'enroule autour du tronc sans vie, et voici qu'à ses côtés surgit un jeune arbre, un arbre d'une espèce entièrement différente, qui ne doit jamais être abattu par aucune puissance ennemie, un palmier, symbole bien connu de la victoire. L'arbre de Noël, comme on l'a déjà vu, était ordinairement à Rome un arbre différent, c'était le sapin; mais le palmier rappelait la même idée que le sapin de Noël; car il symbolisait mystérieusement le dieu né de nouveau, Baal-Berith, le Seigneur de l'alliance35, et ainsi témoignait de la perpétuité et de la nature de son pouvoir, maintenant qu'après avoir succombé sous ses ennemis, il s'était élevé en triomphe au-dessus d'eux. Aussi le 25 décembre, jour qu'on observait à Rome comme le jour où le dieu victorieux était réapparu sur la terre, était-il considéré comme "natalis invicti solis", le jour de naissance du soleil invaincu. Or, la bûche de Yule est le tronc mort de Nemrod, déifié comme dieu-soleil, mais renversé par ses ennemis;

l'arbre de Noël est Nemrod redivivus, le dieu mis à mort rendu de nouveau à la vie. À la lumière jetée par ce fait sur les coutumes qui persistent encore en Angleterre, et dont l'origine s'est perdue au milieu d'une antiquité reculée, que le lecteur considère la singulière pratique encore en usage dans le sud la veille de Noël, celle de

s'embrasser sous la branche de gui. La branche de gui, dans la superstition druidique, qui nous l'avons vu, venait de Babylone, était une représentation du Messie, l'homme-branche. Le gui passait pour une branche divine37, une branche qui venait du ciel et poussait sur un arbre qui sortait de la terre. Ainsi en greffant la branche céleste sur un arbre terrestre, le ciel et la terre que le péché avait séparés, étaient réunis, et ainsi la branche de gui devint le gage de la réconciliation de Dieu avec l'homme; le baiser en effet, est le gage bien connu du pardon et de la réconciliation.

Le lecteur se rappellera que le soleil était une déesse. Mallet dit: "Ils offraient la plus grosse bûche qu'ils pouvaient trouver à Frigga, c'est-à-dire la mère de Balder, celui qu'on pleurait" (vol. I, p. 132). En Égypte, on offrait des porcs une fois par an, à la fête de la Lune, à la Lune et à Bacchus ou Osiris: c'est à ces dieux seulement qu'il était permis de faire une pareille offrande. (Elien. X, 16, p. 562.) Iste tibi faciet bona Saturnalia porcus. MARTIAL, p. 754.

D'où pouvait venir une pareille idée? Ne serait-ce pas des versets du psaume 85: "La grâce et la vérité se sont rencontrées; la justice et la paix se sont entrebaisées; la vérité jaillira de la terre (à cause de la venue du Sauveur promis) et la justice regardera du haut des cieux?" (PsaumesLXXXV, 10, 11). C'est possible; mais il est certain que ce psaume fut écrit bientôt après la captivité de Babylone, et comme des foules de Juifs, après cet événement, demeuraient à Babylone sous la direction d'hommes inspirés, comme Daniel, il doit leur avoir été communiqué comme partie de la Parole divine aussi bien qu'à leurs frères de Palestine.

Le sanglier aux dîners de Noël en Angleterre

Babylone était à cette époque le centre du monde civilisé, et ainsi le paganisme, corrompant le divin symbole comme il l'a toujours fait, avait des facilités pour propager jusqu'aux extrémités de la terre son odieuse contrefaçon de la vérité, grâce aux mystères affiliés avec le grand système qui avait son centre à Babylone. Ainsi les coutumes de Noël qui existent encore jettent une lumière étonnante sur les révélations de la grâce faite à toute la terre, et sur les efforts tentés par Satan et ses émissaires pour les matérialiser et les rabaisser! Dans bien des pays, on sacrifiait au dieu un sanglier pour expier l'injure que, d'après la légende, un sanglier lui avait faite. Suivant une version de l'histoire de la mort d'Adonis, ou Tammuz, ce dieu mourut de la blessure faite par la dent d'un sanglier. La fable raconte que le Phrygien Attès, le bien-aimé de Cybèle, dont l'histoire était identifiée à celle d'Adonis, mourut de la même manière38. Aussi Diane qui, représentée ordinairement dans les mythes populaires comme une chasseresse, était en réalité la grande mère des dieux39, a-t-elle souvent près d'elle une tête de sanglier, non pas en signe d'une chasse heureuse, mais bien de triomphe, sur le grand ennemi du système idolâtre dans lequel elle occupait une place si importante. D'après Théocrite, Vénus se réconcilia avec le sanglier qui tua Adonis, parce que le jour où on l'amena enchaîné à ses pieds, il se défendit éloquemment, en disant qu'il n'avait point tué son époux par méchanceté, mais simplement par accident40. Cependant, en souvenir de la mort causée par le sanglier du mythe, plus d'un sanglier perdit sa tête ou fut offert en sacrifice à la déesse irritée. Smith nous représente Diane avec une tête de sanglier auprès d'elle, au haut d'un monceau de pierres41 (fig. 28) où l'on représente l'empereur Trajan brûlant de l'encens à cette même déesse, et où la tête du sanglier est très apparente. Le jour de Noël, les Saxons du continent offraient un sanglier en sacrifice au soleil42 pour se rendre propice cette déesse43, à cause de la perte de son bien-aimé Adonis. À Rome il y avait une coutume semblable; le sanglier formait le centre principal de la fête de Saturne, comme le prouve ce vers de Martial: Ce sanglier te fera une bonne saturnale44. C'est pour cela que la tête du sanglier est encore un plat important en Angleterre aux dîners de Noël, alors que la raison en est depuis longtemps oubliée.

Le sens symbolique de l'offrande de l'oie est digne d'être remarqué. L'oie, dit Wilkinson (Les Égyptiens,vol. V, p. 227), signifiait en hiéroglyphe, enfant ou fils et Horapollon nous dit: "On l'avait choisie pour désigner un fils à cause de son amour pour ses petits, elle est toujours prête à se livrer au chasseur pour les sauver; c'est pour cela que les Égyptiens ont pensé qu'il était juste de vénérer cet animal." Ici donc le vrai sens du symbole est donc le Fils, qui se donne volontairement en sacrifice pour ceux qu'il aime, savoir le Messie païen.

L'oie de Noël et les gâteaux de Yule

Bien plus, l'oie de Noël et les gâteaux de Yule, étaient des articles essentiels du culte du Messie Babylonien, tel qu'il était pratiqué en Égypte et à Rome (fig. 29). Wilkinson, parlant de l'Égypte, nous apprend que l'offrande préférée d'Osiris était une oie , et de plus que l'oie ne pouvait se manger que dans le coeur de l'hiver46. À Rome, nous dit Juvénal, si l'on offensait Osiris, on ne pouvait l'apaiser que par une belle oie et un gâteau mince Dans bien des pays, nous en avons la preuve, l'oie avait un caractère sacré. On sait fort bien que le Capitule de Rome fut sauvé, au moment où les Gaulois allaient le prendre au milieu de la nuit, par les cris des oies sacrées de Junon qu'on gardait dans le temple de Jupiter48. –l'oie en Asie Mineure était le symbole de Cupidon, comme elle était aussi le symbole de Seb en Égypte. Dans l'Inde, l'oie occupait une position semblable; on nous dit qu'il y avait dans ce pays des oies de Brahma, ou des oies consacrées à ce dieu. Enfin les monuments de Babylone50 nous apprennent que l'oie avait en Chaldée un caractère mystique, et qu'on l'y offrait en sacrifice aussi bien qu'à Rome ou en Égypte, car on y voit le prêtre tenant dans une main une oie, et dans l'autre son couteau de sacrifice. – Il n'y a donc pas à douter que la fête païenne du solstice d'hiver, en d'autres termes, Noël, ne fût observée qu' en l'honneur du Messie Babylonien.

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