Article de La Trompette

Divers observateurs, chrétiens aussi bien que non chrétiens, ont visionné (parfois à plusieurs reprises) le film de Mel Gibson, "La Passion du Christ". Grâce aux notes qu'ils ont prises pendant la projection, nous disposons à présent de quelques comptes-rendus objectifs, et l'article ci-dessous fait usage de ces comptes-rendus chaque fois qu'il évoque le contenu du film. Cela fait des mois que nous entendons parler de "La Passion" et des controverses qui l'entourent ; ses distributeurs se préparent à le montrer pratiquement au monde entier. La sortie en salle de la version arabe, par exemple, était prévue pour le vendredi 17 mars 2004. Le distributeur Tarak Ben Ammar annonce la sortie de la version française pour le 31 mars 2004. Les conditions sont réunies pour qu'un maximum de spectateurs veuillent aller voir (ou se croient obligés d'aller voir) "le film dont tout le monde parle". Selon le quotidien "Miami Herald" du 16 mars 2004, "La Passion" pourrait bien rapporter les plus gros bénéfices de toute l'histoire de l'industrie cinématographique ! Le but du présent article est d'aider le lecteur à faire un tri entre information et désinformation, et à répondre à la question :"Ce film est-il, comme plusieurs le disent, un véritable instrument d'évangélisation ?"

A propos du personnage de "Jésus" de ce film

Au préalable, des questions de principe se posent :

- Quand un acteur (quel qu'il soit) joue le rôle de Jésus-Christ, est-il une représentation crédible et acceptable du Seigneur ?

- La Bible permet-elle de représenter le Seigneur Jésus-Christ en images ?

Une réponse pertinente est donnée par Richard Bennett (ancien prêtre catholique), dans son excellent article intitulé : "La Passion du Christ selon Mel Gibson, une éblouissante séduction", disponible sur ce même site (référence A44).

La Bible relate une scène de l'enfance de Jésus : celle où Il s'est attardé à Jérusalem pour parler avec les docteurs de la loi dans le Temple. Où peut-on lire dans la Bible que quand Il était enfant, Jésus s'amusait à éclabousser sa mère avec de l'eau ? La Bible dit-elle qu'un jour Jésus est tombé dans une rue de Jérusalem, et qu'on a vu Marie sortir en courant de la maison pour Le relever ? Quand le film de Mel Gibson montre de telles scènes, peut-on dire qu'il reflète fidèlement les Evangiles ?

Au jardin de Gethsémané, le film montre "Jésus" avec à ses côtés, "Satan" qui tente de le décourager. "Satan" apparaît là tantôt comme un être féminin doté d'une voix grave, tantôt comme un serpent. Est-ce conforme au récit biblique de la scène au Jardin des Oliviers ? Dans le film, on voit alors "Jésus" en proie à la crainte. "Pierre" déclare : "Il a peur." "Jésus" demande à "Jean" de ne pas appeler les autres disciples et donne la raison : "Je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état." Reconnaissons-nous là notre Seigneur, le Christ des Ecritures ? Ou bien s'agit-il d'un autre "Jésus" ?

Au cours de la nuit où il a livré "Jésus", "Judas" est tourmenté par des enfants-démons qui changent sans cesse de forme. Cette scène vient-elle du Nouveau Testament, ou de l'imagination d'un cinéaste ?

Le film montre un "Satan" féminin qui se tient constamment près de "Jésus". D'après ce film, seuls "Jésus" et "Marie" ont la faculté de percevoir "Satan". Est-ce là ce que nous dit la Bible ?

La femme de Pilate apporte à "Marie" et à "Marie-Madeleine" des linges pour essuyer le sang de "Jésus" répandu sur le sol. Cette scène provient-elle des Ecritures, ou bien de l'imagination humaine ?

La Bible nous apprend-elle que Satan était physiquement présent dans la cour de Pilate, sous la forme d'une femme portant dans ses bras un enfant au teint très blanc et aux traits particulièrement hideux ?

Sur le chemin du Calvaire, "Jésus" tombe souvent. Nous reconnaissons là les stations du "Chemin de Croix" catholique et aussi les "mystères douloureux du Rosaire" ; mais reconnaissons-nous là le récit biblique ?

"Jésus" pose un baiser sur la croix avant de la prendre sur son épaule pour marcher vers le Calvaire. Ailleurs, on voit la croix se soulever et entrer en lévitation. Tout cela est-il conforme à la Parole de Dieu ?

Le film met en scène le personnage de "Véronique", familier aux catholiques qui pratiquent le "Chemin de Croix". Cette pieuse femme, dit-on, a donné son voile à "Jésus" pour qu'il s'essuie le visage ; et voilà que par miracle, le tissu conserve l'empreinte des traits du "Seigneur". La Bible dit-elle quoi que ce soit d'un tel épisode ?

Un pasteur baptiste, David Cloud, a dit après avoir visionné le film : "Ce qu'on y voit, c'est un 'Jésus' faible, et une 'Marie' forte". Une étrange symbiose unit "Jésus" à "Marie", qui perçoit comme par télépathie les événements affectant son fils. D'autre part, dans le film, chaque fois que "Jésus" est à bout de forces, il trouve sa mère sur son chemin ; leurs regards se croisent, il plonge son regard dans celui de sa mère, et c'est en elle qu'il puise la force de continuer. Il semble évident que sans son aide, "Jésus" n'aurait jamais pu accomplir sa mission ; et que c'est "Marie" qui offre "Jésus" pour le salut de l'humanité. Reconnaissons-nous là le Christ Jésus qui S'est offert Lui-même pour le salut des pécheurs, par l'Esprit Eternel ? (Hébreux 9:14) S'agit-il là d'un détail insignifiant? Non, il s'agit du fondement même de notre foi. Présenter un "Jésus" insuffisant, n'est-ce pas déshonorer la Personne du Seigneur ? Est-ce que cela ne revient pas à Lui voler Sa Divinité ? Peut-on dire que sur ce point fondamental le film de Mel Gibson respecte la Bible ? Ne nous offre-t-il pas bien plutôt une talentueuse mise en images du dogme catholique romain de "Marie co-rédemptrice" ?

Les disciples appellent "Marie" leur "mère". Après avoir trahi Jésus, Pierre est allé confesser sa faute à Marie en s'agenouillant devant elle. Est-ce conforme à la Bible ?

Le brigand repentant porte un scapulaire brun, comme celui que portent certains catholiques dans l'espoir que cela leur évitera de passer par le "purgatoire" avant d'aller au Paradis. Un catholique, et surtout un catholique traditionaliste comme Mel Gibson, sait fort bien ce que signifie ce scapulaire : ne nous suggère-t-il pas ici que c'est grâce à cet objet que le brigand pardonné a pu entendre le Seigneur lui dire : "Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis." ?

Quand le voile fermant l'entrée du Lieu très Saint a été déchiré, on voit le Temple de Jérusalem coupé en deux. Est-ce bien ce que dit la Bible ? Le "Lieu très Saint" contient un trône, et non l'Arche de l'Alliance. On nous avait pourtant dit que ce film était une reconstitution historique extrêmement rigoureuse !

La Bible dit-elle que Jésus était nu au sortir du tombeau au matin de la résurrection ? Pourquoi le tout dernier plan du film montre-t-il le postérieur nu de "Jésus" ? On le sait, les toutes dernières images d'un film font toujours l'objet d'une attention particulière de la part d'un réalisateur. Etrange façon d'évoquer la gloire du Ressuscité !

Mel Gibson n'a pas hésité, on le voit, à ajouter à son scénario de nombreux éléments non bibliques. Il ne semble pas avoir eu de scrupule non plus à éliminer certains faits bibliques, en particulier ceux qui montrent la divine puissance de Jésus et Sa maîtrise totale du déroulement des événements. Quand on vient arrêter "Jésus" à Gethsémané, et qu'il déclare : "C'est moi", aucun de ceux qui viennent le chercher ne tombe à la renverse. (On aurait pourtant pensé qu'un cinéaste aimerait tirer parti d'un fait aussi spectaculaire !) Pourquoi n'entend-on pas "Jésus" dire : "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants." ? (Luc 23:28)

Pourquoi le film occulte-t-il le véritable message de la croix au profit d'une orgie de brutalité et de cruauté ? Pourquoi ne donne-t-il pas à comprendre que Jésus est mort à la place du pécheur qui croit en Lui, afin de réconcilier ce pécheur avec le Dieu Saint, afin d'emporter tous ses péchés dans sa mort, et de faire participer le pécheur pardonné à Sa vie de résurrection ?

A propos de Mel Gibson et de Jim Caviezel, et de leurs objectifs

Interrogé sur la question du salut éternel par un journaliste protestant du "Herald Sun" en Australie, Mel Gibson a répondu que seuls les catholiques pouvaient être sauvés : même sa femme, tant qu'elle reste épiscopalienne anglicane ne pouvait pas l'être. "C'est le Saint Siège qui le dit, affirmait-il. C'est ce que je crois" (Note 1).

Cependant le 16 février 2004, sur un plateau de la chaîne de télévision américaine ABC, il a fait une déclaration bien différente à la journaliste Diane Sawyer. "Nous sommes tous des enfants de Dieu. Peu importe qu'on ait un os dans le nez ou bien un physique de Viking… Des gens qui ne sont même pas chrétiens peuvent avoir accès au Royaume des Cieux… C'est simplement que pour moi, c'est plus facile… Je suis obligé de croire cela" (Note 2). Le moins qu'on puisse dire, c'est que Mel Gibson ne semble ni très au clair sur cette question essentielle, ni très cohérent. On voit mal pourquoi certains chrétiens voudraient que nous fassions confiance à Mel Gibson pour produire une œuvre qui soit "un authentique instrument d'évangélisation" !

Mel Gibson et Jim Caviezel (l'acteur qui joue le rôle de "Jésus") ont l'un et l'autre publiquement affirmé que ce film devait démontrer que le sacrifice de la croix et le "sacrifice non-sanglant" de la messe catholique sont une seule et même réalité. Cela ressort dans le film par le jeu des images : quand on retire le pain de son enveloppe, la caméra montre "Jésus" dépouillé de ses vêtements. Quand le sang de "Jésus" coule sur le sol, on montre du vin qui coule dans un calice pendant la messe. A Gethsémané, "Jésus" ne prie pas pour que "cette coupe" s'éloigne de lui, mais pour que "ce calice" lui soit épargné : allusion claire au sacrifice de la messe catholique.

Mel Gibson dit lui-même qu'il est un catholique intégriste. Au cours de ce même entretien avec Diane Sawyer sur ABC, il a déclaré que son film "La Passion", avait pour but de donner aux spectateurs une expérience émotionnelle suffisamment intense pour qu'ils "basculent par-dessus bord". Il a présenté son film à environ 20.000 personnalités catholiques, évangéliques, ou juives au cours de séances de projection privées. Le film est sorti en salle aux Etats-Unis le 25 février 2004, pour la fête catholique du "mercredi des cendres". Mel Gibson a lui-même expliqué à Diane Sawyer que la source première de "La Passion" n'est pas la Bible, mais les visions incroyablement détaillées d'Anne-Catherine Emmerich, une religieuse allemande stigmatisée (c'est-à-dire ayant reçu de façon surnaturelle dans son propre corps les blessures du Christ). Au cours de cette émission, Mel Gibson a montré à Diane Sawyer une relique d'Anne-Catherine Emmerich qu'il portait sur lui et a déclaré : "elle m'a fourni, pour le film, des éléments auxquels je n'aurais jamais songé." Ce sont justement ces éléments-là qui ont inspiré les scènes de torture les plus atroces, les évocations non bibliques de l'enfance de "Jésus", ainsi que le rôle joué dans le film par "Marie".

Jim Caviezel, pour se préparer spirituellement à son rôle, s'est rendu à Medjugorje, en Herzégovine. Là, il a fait la connaissance des jeunes "visionnaires" qui continuent d'avoir des apparitions de "Marie".

Là, il s'est pénétré des "Messages de Marie". Sur le plateau pendant le tournage, il lisait et relisait ces messages entre deux prises de vue. L'article de Richard Bennett : "La Passion du Christ selon Mel Gibson…" cite des documents dans lesquels Caviezel parle des influences qu'il a subies là-bas, des reliques de "saints" qu'il portait en permanence sur lui, du rôle essentiel que jouaient les messes quotidiennes en latin pendant le tournage. D'après Jim Caviezel et Mel Gibson, des miracles ont constamment eu lieu pendant ce tournage : par exemple, par deux fois Caviezel a été frappé par la foudre sans conséquences fâcheuses. Ils font état aussi de nombreuses conversions parmi les participants et les figurants. Mais à qui et à quoi, au juste, se convertissaient ces personnes ? Des journalistes ont remarqué qu'en-dehors des prises de vue, certains figurants venaient s'agenouiller devant Jim Caviezel ! Quelle confusion !

Et même si des événements surnaturels se sont produits, depuis quand le surnaturel en lui-même est-il la preuve que c'est le Dieu Saint qui agit ? Le théologien réformé James R. White, dans sa rubrique d'actualité sur son site (à la date du 5/03/2004) relève d'étranges faits signalés par la chaîne de télévision MSNBC : "John Debney, qui a composé la musique pour le film 'La Passion du Christ'… dit qu'il a reçu des visitations sataniques pendant qu'il faisait son travail de compositeur. 'Jamais je n'avais accepté l'idée que Satan était peut-être une véritable personne, mais je peux attester qu'il était dans la pièce où je me trouvais, et je sais qu'il a touché tous ceux qui ont eu une part dans cette production.' Debney déclare que l'image de Satan ne cessait d'apparaître sur l'écran de l'ordinateur dont il se servait pour son travail de composition. 'La première fois que c'est arrivé, j'ai eu peur, dit-il. Après m'être remis de ce choc initial, j'ai appris à m'en accommoder, et j'ai appris à réinitialiser les ordinateurs ; et alors, je me mettais à lui parler'…" Est-il besoin de commenter ce genre d'incident ?

Quand le journaliste Frank Rich a écrit pour les colonnes du "New York Times" un article défavorable au film "La Passion du Christ", Gibson a fait part à la revue "The New Yorker" de ses sentiments à l'égard de ce critique. "Je veux le tuer. Je veux voir ses intestins à l'air, sur un bâton. Je veux le tuer, ce chien" (5/03/2004). De la part de l'homme qui déclarait : "Le Saint-Esprit a œuvré au travers de moi dans ce film", on pourrait s'attendre à autre chose.

Une autre question fondamentale doit être posée avec force : Quels risques courent ceux qui ajoutent ou retranchent aux Ecritures, s'ils ne se repentent pas ? Que le lecteur réponde lui-même à cette question, après avoir lu ce qu'en dit la Bible (Note 3). Il n'est pas question de mettre en cause la sincérité du cinéaste ni ses bonnes intentions humaines. Ce qui est en cause, ce sont toutes les déclarations donnant à croire que ce film est un reflet véridique de la Bible.

L'effet sur les spectateurs

Loin de nous l'intention de minimiser le caractère atroce de la mort par crucifixion. Mais pourquoi ce film montre-t-il presque exclusivement des scènes interminables et insoutenables de torture physique, avec force gros plans sanglants, force détails effroyables pour l'œil et pour l'oreille, alors que la Bible est si sobre à ce sujet ? Pourquoi, sur un film de 127 minutes, ne consacrer que 12 secondes à la résurrection, alors que les Evangiles consacrent deux fois plus de versets à la résurrection qu'à la passion de Jésus ? Un article sur "La Passion" dans l'hebdomadaire "Time Magazine" du 1er mars 2004 est intitulé : "L'histoire la plus sanglante qu'on ait jamais racontée". Le journaliste Paul Ansen écrit dans l'hebdomadaire "Newsweek" du 22 février 2004 que ce film est "l'Evangile selon le Marquis de Sade." Selon les critiques de cinéma, "La Passion" est le film le plus violent de toute l'histoire du cinéma : jamais des atrocités physiques n'ont été mises en scène avec autant de réalisme. Ce n'est sûrement pas peu dire, quand on pense aux œuvres précédentes de Gibson : sa série "Mad Max" et "Braveheart", pourraient déjà figurer en bonne place dans une "anthologie des atrocités cinématographiques". Des sites Internet consacrés à la promotion de films d'horreur, comme amazing-colossal.com, recommandent "La Passion" aux adolescents en ces termes : "C'est le film le plus sanglant, le plus violent, où on voit le plus de chair déchirée…" (Note 4)

Comment les spectateurs pourraient-ils échapper à une désensibilisation progressive entraînant un endurcissement des cœurs et une cautérisation des consciences ? Billy Graham, on le verra plus loin, voit dans "La Passion" une puissante prédication en images ; mais cette débauche prolongée d'atrocités tient-elle de la prédication, ou bien du viol psychique ? La foi vient-elle "de ce qu'on entend" (Romains 10:17) et "de la parole de Christ", ou bien d'émotions intenses suscitées par le spectacle de torrents de fausse hémoglobine ? Le Royaume de Dieu aurait-il changé de nature, au point de venir, à présent, "de manière à frapper les regards" ? (Luc 17:20)

Dans l'ambiance très particulière d'une salle de cinéma, le spectateur est immergé dans un véritable bain visuel et sonore ; il est soumis à un flot rapide et ininterrompu de sensations fortes qu'il est obligé d'absorber, car il n'a pas le temps de les analyser et de les trier. A cause aussi de l'action sur le cerveau des images qui se succèdent à la cadence de 24 par seconde, le cinéma induit un état d'hypnose, donc de suggestibilité extrême. Les facultés d'analyse critique et de réflexion sont mises "hors circuit" pendant le temps du spectacle. Plus l'émotion est forte, moins le spectateur est capable de porter un jugement objectif sur les images et les sons qui viennent littéralement le bombarder. Il subit sans avoir la possibilité de se distancier. Ce sont des conditions idéales pour la manipulation mentale. Bien sûr, personne ne prononce ces mots-là : on parlera plutôt d'une expérience émotionnelle intense, après laquelle on ne sera plus jamais le même ! La journaliste Jody Dean écrit que ce film n'est pas un spectacle, mais une expérience si forte et si profonde qu'elle souhaite que tous se laissent saisir et transformer comme cela a été le cas pour elle (Note 5). Elle ne se pose pas un seul instant la question de savoir si l'entité avec laquelle elle a fait cette expérience saisissante est le vrai Jésus ou non.

Dans un article récent (Note 6), David Bay fait part de l'expérience de deux pasteurs Baptistes qui avaient assisté à une projection privée du film à l'église de Willowcreek. L'un d'eux, un homme d'âge mûr, a été tellement traumatisé par les scènes de torture prolongées, qu'il a mis trois semaines à s'en remettre. L'autre, plus jeune, a vu sa vie et sa théologie transformées du jour au lendemain. Il a trouvé que les cultes dominicaux devaient changer complètement. Dans les locaux de son église, il a enlevé la table de communion pour la remplacer par deux autels : l'un pour la prière, et l'autre pour les dîmes. Là, le culte a désormais lieu dans une atmosphère de pénombre, avec des cierges allumés, de longs moments de silence, et de la musique "contemplative". La prédication de la Parole de Dieu a été ramenée à 15 minutes, 20 minutes tout au plus ; et ce pasteur a enrôlé son assemblée dans un mouvement œcuménique appelé "Renovare". (Pour de plus amples renseignements sur ce mouvement, on peut consulter le site http://www.renovare.org/) Tout cela à la suite d'une projection du film "La Passion du Christ" !

Combien de spectateurs seront capables de faire la différence entre les éléments bibliques du film, et ceux qui sont contraires à la Bible ? Combien voudront seulement tirer cette question au clair ? Bien peu, hélas ! Combien d'entre eux ne prêteront jamais, consciemment ou inconsciemment, les traits de Jim Caviezel au Seigneur ? Plusieurs personnes ont déjà dit que le visage de l'acteur faisait irruption dans leur prière. Savent-ils à quoi ils se sont exposés, et ce que Dieu dit de l'idolâtrie ? Même parmi ceux qui ont quelques notions bibliques, combien prendront le temps et la peine de faire le tri entre la vérité et l'erreur, suivant l'exemple des Béréens ? Ne se contenteront-ils pas, dans leur immense majorité, de retenir le fait que des leaders respectés, catholiques ou évangéliques, ont dit en substance : "Allez voir ce film. Il donne une image exacte de la Passion du Christ. C'est un merveilleux instrument d'évangélisation."

On le sait, les dialogues du film sont en araméen et en latin. Ces dialogues ont été traduits en langues anciennes par un Jésuite ami de Mel Gibson, le Père Fulco. Les sous-titres en langue vulgaire sont d'ailleurs une concession tardive ; à l'origine, Gibson n'en voulait pas, tant il se disait soucieux de rigueur historique et d'authenticité. Mais ce "souci d'authenticité" est-il aussi grand qu'on veut bien nous le laisser entendre ? Dans son article sur "La Passion", Tricia Tillin fait remarquer que la rigueur historique exigerait que les paroles échangées entre Pilate et "Jésus" soient en grec, et non en latin (Note 7). D'autre part, quand on entend Gibson évoquer avec nostalgie l'émotion profonde que lui procuraient les messes en latin de son enfance alors qu'il ne comprenait encore rien à cette langue, on se demande s'il n'a pas voulu faire faire aux spectateurs une expérience analogue. (Au sujet de l'impact sur lui de la messe en latin, voir dans l'article de Richard Bennett, la partie "Un film catholique, porteur d'un message catholique".) En tout cas, les sonorités de l'araméen et du latin doivent grandement contribuer à un effet de dépaysement, privant le spectateur de ses cadres de référence habituels, et augmentant l'impact émotionnel du spectacle. L'araméen et le latin n'auraient-ils pas été choisis pour leur valeur incantatoire ? Ne serait-ce pas un moyen de plus pour "faire basculer le spectateur par-dessus bord", puisque tel est le but avoué de Gibson lui-même ?

Les déclarations de plusieurs "leaders évangéliques"

Billy Graham, James Dobson, Rick Warren, Pat Robertson et d'autres leaders "évangéliques" qui ont assisté à des projections privées ont unanimement et publiquement déclaré que ce film est "un reflet fidèle des Ecritures", une simple mise en images des quatre Evangiles. C'est d'ailleurs exactement ce qu'avait dit le Pape Jean-Paul II après une projection privée au Vatican : "Oui, c'est bien ainsi que cela s'est passé."

Billy Graham a fait cette déclaration : "Chaque fois que je prêcherai sur la croix ou que j'en parlerai, les choses que j'ai vues sur l'écran seront dans mon cœur et dans mes pensées." Pense-t-il seulement que ce qu'il a vu sur l'écran, c'est un "Jésus" virtuel, c'est-à-dire un "autre Jésus", un faux "Jésus" ? Il a dit également : "Ce seul film en dit aussi long que les prédications de toute une vie" (Note 8). En entendant cela, un naïf pourrait bien croire que si on va voir "La Passion" on sera instruit dans tout le conseil de Dieu, alors que le message central de l'Evangile n'y figure même pas ! Le fils de Billy Graham, Franklin Graham, tient les mêmes propos que son père : "Ce film est essentiellement une description fidèle et biblique des souffrances du Christ", dit-il (Note 9).

Rick Warren, un des leaders les plus en vue de la "nouvelle vague évangélique", déclare : "C'est une œuvre brillante, biblique. C'est un chef d'œuvre" (Note 10).

Charles Colson déclare pour sa part : "Le film ne reflète aucune croyance spécifique d'une dénomination particulière quelle qu'elle soit. C'est bien plutôt un effort honnête et minutieux pour représenter fidèlement les faits concernant la mort de Jésus... Quant à Marie, c'est vrai qu'elle a un rôle en vue dans ce film, mais il est en accord avec le récit biblique de la crucifixion. Elle n'apparaît pas comme co-rédemptrice" (Note 11).

James Dobson, l'auteur bien connu du livre "Oser discipliner", va jusqu'à déclarer que ce film "montre Jésus tel qu'Il était réellement" ! Il clame haut et fort qu'il faut absolument aller voir ce film, et que ce serait mal de ne pas apporter son soutien (Note 12). Il écrit aussi dans sa "Lettre de Nouvelles" de Février 2004 que "La Passion ne contient aucune référence à des éléments spécifiquement catholiques".

Comment des "leaders Evangéliques" en arrivent-ils à répandre de pareils mensonges et à dire, après avoir vu le film, qu'il s'agit d'une œuvre évangélique fidèle à la Bible ? On croit rêver. A la lumière de telles déclarations, que reste-t-il, à l'heure actuelle, de leur crédibilité ?

Quelques mots en guise de conclusion

En guise de conclusion, voici quelques mots de Paul Proctor, fidèle chrétien américain assez peu connu en France, qui a écrit récemment un article sur ce film (Note 13) : "Pour le moment, divers écrans de fumée détournent l'attention de l'essentiel et dissimulent les mensonges qui se cachent derrière la controverse autour du film…

'Il va dresser les conservateurs contre les libéraux !'

'Non, il va dresser les juifs et les chrétiens les uns contre les autres !'

'Non, il va dresser les protestants contre les catholiques !'

Et pendant tout ce temps, les chrétiens qui donnent dans le compromis ne voient pas où se situe le combat véritable qui a pour enjeu des âmes humaines.

Voyez-vous, chers amis, il s'agit tout simplement du combat entre la vérité et le mensonge. Il y a là un mensonge passionné, qui serre la vérité de si près que nous en arrivons à célébrer l'apostasie en la qualifiant de 'réveil de la foi'. D'ailleurs, que pourrions-nous attendre d'autre de la part de celui qui se déguise en ange de lumière ? Voilà l'art du cinéma à son summum, tout simplement.

Cependant les mensonges, les erreurs, et les distorsions de ce film sont des péchés secondaires. Le problème fondamental, c'est de ne pas croire Dieu. Si seulement nous L'avions cru sur Parole, si nous avions rejeté cette fausse image qu'on nous présente, si nous étions restés chez nous avec notre Bible au lieu de courir au cinéma pour voir ce que Matthieu, Marc, Luc et Jean avaient bien pu nous cacher, il n'y aurait ni controverse, ni contradictions, ni confusion. Mais en désobéissant à Dieu, en mettant de côté Sa Parole pour courir après un jeune prétendant charmeur, nous mettons notre foi en péril, nous perdons notre discernement, et nous commençons à croire tous les mensonges doux-amers qui s'ensuivent. Pire : nous en arrivons à les défendre."

Pour quelle raison beaucoup de chrétiens en arrivent-ils à prendre la défense d'éléments mensongers ? Parce qu'après avoir vu le film, ils disent : "Bien qu'il y ait des éléments non bibliques, ils sont puissants, ressemblants, et tellement opportuns !"

Dieu nous dit par Son prophète Esaïe : "Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres ; Qui changent l'amertume en douceur, et la douceur en amertume !" (Esaïe 5, verset 20).

Nous signalons aux lecteurs la traduction en français de l'excellent article de David Bay (Cutting Edge Ministries) intitulé : "La Passion" selon Mel Gibson. Référence A274 sur le présent site

Ceux qui lisent l'anglais et souhaitent consulter une étude plus documentée et plus approfondie sur le film "La Passion du Christ" peuvent se reporter à l'adresse suivante :

http://www.av1611.org/Passion/passion.html

Ils y trouveront la version online du livret de Terry Watkins, "The Poison in the Passion".

C'est un livret de 64 pages. On peut soit le commander à l'éditeur aux USA, soit en imprimer gratuitement le texte, une quarantaine de pages au format html.

Notes

Note 1 - http://www.msnbc.msn.com/id/4224452

Note 2 - http://www.crossroad.to/articles2/04passion.htm

Note 3 - Deutéronome 4, verset 2 : Vous n'ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n'en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l'Eternel, votre Dieu, tels que je vous les donne.

- Deutéronome 13, versets 1 à 5 : S'il s'élève au milieu de toi un prophète ou un songeur qui t'annonce un signe ou un prodige, et qu'il y ait accomplissement du signe ou du prodige dont il t'a parlé en disant: Allons après d'autres dieux, des dieux que tu ne connais point, et servons-les ! tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur, car c'est l'Eternel, votre Dieu, qui vous met à l'épreuve pour savoir si vous aimez l'Eternel, votre Dieu, de tout votre coeur et de toute votre âme. Vous irez après l'Eternel, votre Dieu, et vous le craindrez ; vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, vous le servirez, et vous vous attacherez à lui. Ce prophète ou ce songeur sera puni de mort, car il a parlé de révolte contre l'Eternel, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d'Egypte et vous a délivrés de la maison de servitude, et il a voulu te détourner de la voie dans laquelle l'Eternel, ton Dieu, t'a ordonné de marcher. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi.

- Proverbes 30, versets 5 et 6 : Toute parole de Dieu est éprouvée. Il est un bouclier pour ceux qui se réfugient en lui. N'ajoute rien à ses paroles, de peur qu'il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur.

- Apocalypse 22, verset 18 : Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.

Note 4 - http://www.miami.com/mld/miamiherald/8199068.htm?template=contentModules/prints

Note 5 - http://www.rense.com/general48/passs.htm

Note 6 - http://www.cuttingedge.org/news/n1894.cfm

Note 7 - http://www.banner.org.uk/news/Flash.html

Note 8 - http://ignitethepassion.com/bgea.html

Note 9 - http://www.billygraham.org/article.ASP?i=417&s=55

Note 10 - http://thepassionoutreach.com/

Note 11 - article de David Bay, pages 9-10, http://www.cuttingedge.org/news/n1902.cfm

Note 12 - http://www.family.org/docstudy/newsletters/

Note 13 - Paul Proctor "Big Screen Jesus" (Jésus sur grand écran), 2ème partie, le 23 février 2004

http://208.32.62.62/PaulProctor/proctor41.htm Source: latrompette.net